J’ai connu Evan sur un plancher de danse. J’étais venue seule, au contraire de mes habitudes, danser pour oublier la mauvaise semaine qui venait de se terminer. J’avais besoin de proximité, de noirceur crevée par des rayons de lumière colorée, mais surtout de musique futile et forte. J’avais besoin de laisser passer une surdose d’énergie seule au beau milieu d’étrangers.
Je me suis arrêté pour reprendre mon souffle un peu à l’écart, appuyée au bord du mur frais. Je suivais le rythme de la tête, j’essayais de garder la cadence pour la prochaine chanson. Mes petits escarpins noirs me faisaient un peu mal, décidément un mauvais choix pour se déchaîner sur la piste de danse. J’ai écarté une longue mèche mouillée de mon visage et j’ai croisé le regard d’un grand homme. Il me fixait et par pure provocation j’ai soutenu son regard. Il m’a sourit de l’autre bout de la piste, a déposé son verre à côté de son ami appuyé au bar, lui a glissé un mot et a traversé d’un pas leste la distance qui nous séparait. Il m’a offert sa main que j’ai acceptée. D’un petit mouvement sec, il a attiré mon corps au sien. Il m’a entraîné au milieu de la mer de gens qui s’animait en tout sens.
Fébrilement d’abord, puis peu à peu avec plus de conviction, je me suis remise à danser. La musique nous a enfermé, moi et l’inconnu, dans une bulle étanche. Mes yeux fixés dans les siens, nos torses collés et mouvants, nous avons dansé pendant longtemps. Ses mains découvraient mon dos et mes hanches, parcouraient ma petite robe de soie bleue. Je repoussait et ramenait son corps au mien au rythme des coups de mains du DJ. J’avais chaud et mes cheveux collaient à mon visage et à mon cou, sa chemise moulait son corps ondulant. La tête me tournait et des vagues de froid hérissaient ma peau. Les pièces ont défilées et alors que la fatigue commençait à engourdir mes membres, ma chanson préférée fut crachée des énormes meubles de son. J’en fais part à mon partenaire qui répond en rapprochant mon corps au sien. J’enfouis mes mains dans ses cheveux noirs. Je m’accroche à lui comme à une bouée en pleine tempête. Il me retient attaché à lui de ses bras fermes. Sa bouche effleure mon cou, sa main relève les bords de ma robe.
Je suis soulevée par cet homme à la peau douce. Je m’attarde sur le creux de son dos et sur ses longues mains. Il étale mes cheveux sur les draps, se love au creux de mon épaule. A contre courant, nous essayons de rattraper le temps qui file. Il faut battre le soleil qui commence déjà à pointer à l’horizon. Ses ongles marquent ma peau brûlante, mes pieds meurtris par mes souliers s’enroulent dans les draps. De fatigue, je tombe dans les bras de Morphée jusqu’au midi. Sur ma table de chevet, un petit mot de l’homme ainsi que son numéro de téléphone. Je n’ai jamais rappelé Evan.
Depuis l’achat de son premier disque, un album double des 25 ans de René Simard, Myriam est une mordue de musique. Elle aimerait bien jouer de la guitare, du piano, du ukulélé, le pencilina, la bandura ukrainienne ou le cymbalom, mais elle a du se rendre à l’évidence qu’elle n’avait aucun talent pour jouer et qu’elle devait se contenter d’écouter.
Elle a passé son enfance au pays des pommes, traumatisée à jamais par les chèvres passant sur son terrain et l’absence de centre d’achat à proximité. Elle migre maintenant sur l’île de Montréal pour y mener une vie de débauche que sa maman n’approuve pas vraiment.
C’est la vue fantasmatique de David Bowie en collant qui l’a poussée vers le cinéma. Puis, grandement influencée par l’ère American Apparel, elle va maintenant en photographie pour capturer la pop culture tellement trendy à ses yeux.
Elle aime la photographie polaroid et la photographie pas polaroid, les fashion victims, la musique indie-rave-electro-rock-pop-ish, fancy and expensive food, les petits pinsons jaunes, lovely smooth dance moves, la poésie hardcore and such, les drinks gratuits qui fessent, Oh-so-trendy Paris et Vintage London, les marvelous Marvel Comic books et des nouvelles connaissances qui aiment l'ironie et se questionnent sur le pourquoi des formes des pretzels.